Durant cette période, le cinéma m’attirait, mais je n’avais jamais mis les pieds sur un plateau de tournage, il fallait que j’essaie. Un ami m’a demandé de lui filer un coup de main pour faire les décors d’une pub étudiante. On devait construire un confessionnal et mettre un scène l’histoire d’un prêtre pédophile piégé pour une fausse pub Black and Decker. Rien que l’intitulé me faisait envie et l’ambiance de ce premier tournage reste dans les plus beaux souvenirs de ma vie.
Par la suite, j’ai été cadreur, monteur, scénariste, décorateur, réalisateur… Jusqu’à ce qu’un soir, à la fin d’un tournage particulièrement éprouvant, un chef opérateur qui écoutait ma conversation me dise : « Gabriel, tu es comme moi, tu fais partie des gens qui s’ennuie vite ». Devant mon air interrogatif, il a ajouté « Tu n’es pas fait pour la routine, tu vas courir toute ta vie ». Il avait la quarantaine, je ne me rappelle pas de son nom, mais je n’ai pas oublié ce qu’il m’a dit.
C’est pour ça que j’ai créé mon entreprise de vidéo. Un métier où l’on peut faire des choses différentes chaque jour, un métier où l’on apprend en permanence, un métier où avoir plusieurs cordes à son arc n’est pas considéré comme un signe d’amateurisme, mais comme une qualité. Un métier dans lequel le storytelling, la rencontre et la technique sont rois.
Quelques mois plus tard, comme le signe d’une nouvelle vie qui commence, j’ai construit une bibliothèque dans mon nouvel appartement. Le haut, c’est IKEA, le bas, c’est moi. Dans le bas, y a mon matos de tournage. Comme quoi tout est lié 🙂